6

Melchior Le Clair de Lafitte était un bel homme blond, mince et de haute taille. Âgé de trente-huit ans, comme Nissac, il partageait son temps entre ses nombreuses maîtresses et son service de colonel aux chevau-légers attaché au Palais-Royal, trop heureux d’échapper à une épouse dont le constant babillage le laissait sans voix.

Il avait connu le comte de Nissac dix ans plus tôt, lors d’un duel. Une lamentable affaire de préséance à l’entrée d’une taverne, les témoins réunis sur-le-champ, rendez-vous pris pour le lendemain… et toute une nuit à discuter.

Si bien qu’au matin, ni l’un ni l’autre ne souhaitait envoyer Ad Patres un gentilhomme qu’il estimait et dont l’agréable commerce risquait de lui bien vite manquer.

Sur le pré, après un ou deux échanges, la supériorité de Nissac parut éclatante et, pour en finir sans grand dommage tout en satisfaisant aux exigences de l’honneur, le comte avait égratigné le gras de l’épaule de son adversaire.

Depuis, leur amitié n’avait pas connu la moindre faille et, lorsque les vicissitudes du service aux armées lui en laissaient le temps, Nissac ne manquait jamais de venir à Paris rencontrer Le Clair de Lafitte qu’il avait en outre invité, rare privilège, en son château proche de Saint-Vaast-La-Hougue et Barfleur.

Pour l’instant, ils visitaient avec intérêt un hôtel particulier acheté en sous-main par Mazarin rue du Bout du Monde, à proximité de la rue Mont-Orgueil. Vêtu de soutanes, ils avaient été présentés au voisinage par un certain marquis d’Auffrey des Étangs, prête-nom de Mazarin qui les fit passer pour l’avant-garde d’un groupe de Jésuites hongrois qui devait s’établir en l’hôtel pour quelque temps.

Peu auparavant, ils étaient passés en une maison de la rue Sainte-Marie Égiptienne, proche des Vieux-Augustins. L’endroit, qui faisait relais de chevaux, appartenait lui aussi au cardinal et le couple qui l’occupait comptait parmi les plus dévoués de ses agents.

Lorsque Nissac lui eut fourni quelques explications, Le Clair de Lafitte ne cacha point son admiration :

— Ainsi tout cela serait ton plan ?

— En effet.

— Et le cardinal l’a donc approuvé ?

— Entièrement. Mais c’est lui qui m’a réservé cet hôtel et ouvert les portes de la maison de Sainte-Marie Égiptienne.

Le Clair de Lafitte caressa sa barbe blonde d’un air rêveur :

— Donc, si je te comprends bien, cet hôtel est notre repaire et de fait, nous y serons tranquilles. Nous y arrivons et en repartons en soutane, changement de tenue rue Sainte-Marie Égiptienne où nous laissons nos chevaux en les écuries, et le tour est joué.

— Espérons-le. Ce qui semble certain, s’il y a siège de l’armée royale, c’est qu’un groupe d’hommes vivant ici et portant l’épée au côté attirerait vite l’attention or, la population sera nerveuse.

— Je n’aimerais point être pendu en portant habit de prêtre !

— Pendu pour pendu, et nous le serons certainement, la différence n’est pas des plus grandes, ne crois-tu pas ? demanda Nissac, étonné.

— Oui mais vois-tu, l’idée qu’on puisse y voir sous ma soutane tandis que je me balancerais à une branche, cette idée m’est fort désagréable. Je suis colonel, pas demoiselle !

— Tu as de ces pudeurs singulières !… Mais ils ne nous ont pas encore pris. Allons, il est temps de partir.

— Où allons-nous ?

— À Saint-Nicolas, rue Saint-Thomas-du-Louvre. Frontignac, qui est en route depuis les armées, doit nous y attendre déjà.

Âgé de vingt-cinq ans, le baron Sébastien de Frontignac, lieutenant d’artillerie, avait plusieurs cordes à son arc. Ainsi, les remèdes contre à peu près tous les maux sans tenir compte des prescriptions des médecins, les prophéties sur le temps, une excellente connaissance de l’usage de l’artillerie en campagne, le jeu d’échecs où il excellait et une foi sincère en Dieu.

Cela mis à part, sa fidélité envers son général, le comte de Nissac, était absolument sans faille et nourrie d’une grande admiration.

Gentilhomme d’Anjou et dernier-né d’une famille de onze garçons, il n’escomptait nul héritage ni bonne fortune mais vivre près de Nissac lui paraissait une compensation de grand prix.

Pour l’heure, il attendait, crotté et fatigué, à côté d’un cheval gris, fourbu lui aussi, et qu’il tenait assez court à la bride.

Il se redressa cependant en apercevant son général et Le Clair de Lafitte, qu’il avait déjà rencontré lors d’un précédent voyage mais en des circonstances, il est vrai, beaucoup moins dramatiques.

Espérant le voir réagir ainsi qu’il l’escomptait à propos de ses petites manies, Le Clair de Lafitte entreprit le lieutenant en affectant un air de sincère curiosité :

— Ah, Frontignac ! Auriez-vous quelque sage prophétie sur ce temps glacé qui pénètre au plus profond des os ?

Frontignac jeta un rapide regard au ciel bas et gris, de grande mélancolie, puis parla avec entrain :

— Pour qui sait regarder, la chose n’est point douteuse. Cette année, les chênes abondaient en fruits et les canards avaient la poitrine rougeâtre. De tels signes n’ont jamais trompé encore : l’hiver sera long, glacé et dur aux hommes.

— J’aime à vous entendre dire semblables horreurs sur ton de grande gaîté ! répondit le colonel des chevau-légers en montant en selle.

Nissac ne bougea pas et demanda :

— Où allons-nous ?

Le Clair de Lafitte observa le palais du Louvre à main gauche, le château des Tuileries à droite, puis se décida à parler :

— Vous nous amenez le baron de Frontignac, je m’en vais vous présenter un homme qui nous sera utile… si vous arrivez à admettre qu’il n’est point parfait.

— Où demeure-t-il ? s’enquit Nissac.

— À deux pas d’ici, rue du Coq et une telle rue, par son nom, semble avoir été créée à son seul mérite.

Nissac et Frontignac se mirent en selle mais le général retint la bride du cheval de Le Clair de Lafitte.

— Un instant. La mission est trop importante pour que je m’engage sans en savoir davantage. Comment s’appelle ton homme ? Et qui est-il ?

Une ombre de contrariété traversa le regard du colonel des chevau-légers, qui sans doute préparait quelque surprise. Mais l’attitude un peu raide de Nissac lui fit souvenir qu’on ne plaisantait pas avec cette affaire où ils allaient sans doute risquer dix fois leur vie.

Il s’expliqua :

— L’homme s’appelle Maximilien Fervac. Il est aux Gardes Françaises et sans doute un peu proxénète, sa belle ayant le pouvoir de faire chavirer le cœur des commerçants riches et âgés.

— Aux Gardes Françaises ? Mais cela n’a rien à voir avec tes chevaux-légers ? répondit Nissac.

— Il fut jadis en mon régiment et pris la main dans le sac, enfin, derrière la robe relevée de l’épouse d’un capitaine qui, pour se venger, inventa une grave affaire de vol alors que nous étions en campagne, ce qui permettait de le pendre sur-le-champ. Mais le condamné à mort demanda à me parler en secret. Je l’écoutai. Il me proposa, en échange de sa vie, de m’être dévoué rappelant que, s’il ne tenait pas parole, il me serait facile, sous quelque prétexte, de le renvoyer au gibet. Vois-tu, je l’avais remarqué depuis longtemps déjà car, toi mis à part, c’est la plus fine lame qu’il me fut jamais donné de rencontrer.

— Allons voir à quoi il ressemble ! déclara le comte de Nissac en donnant du talon dans les flancs de sa monture.

Le Clair de Lafitte ouvrit la porte d’un coup de botte et la stupeur marqua un instant ses traits. Les siens et ceux de ses compagnons.

Ils eurent en effet la vision d’un ravissant dos de femme dont les fesses, rondes et dodues, semblaient un véritable appel au péché de chair.

— Je me sens de moins en moins jésuite ! murmura Le Clair de Lafitte.

La femme, découvrant les trois hommes, se leva sans hâte excessive, ramassa quelques affaires et gagna une pièce voisine, laissant découvrir aux arrivants la vue de l’homme sur lequel elle se trouvait assise un instant plus tôt.

Il s’agissait d’un homme jeune, d’abord déconcerté qui, brusquement, se leva, enfila un haut-de-chausses et une chemise d’assez fine dentelle en disant :

— Messieurs…

Le Clair de Lafitte adopta un ton de grande froideur :

— Tu me vois fort désolé de t’interrompre en ce qui semble ta principale activité… Mais comme ta belle, dans la pièce voisine, doit tout écouter, passe quelque habit et viens nous rejoindre dans cet estaminet proche qui a nom « Le Coq Hardi ».

— Mais certainement !

Le vide s’était fait autour des trois gentilshommes, une clientèle qu’on ne voyait guère au « Coq Hardi », mais l’arrivée de Fervac, qui vint directement à leur table, détendit la lourde atmosphère.

Fervac fit signe au tavernier d’apporter du vin, puis se présenta :

— Maximilien Fervac, sergent aux Gardes Françaises.

Nissac regardant ostensiblement ailleurs, une légère gêne s’installa et Frontignac, plus jeune que ses compagnons, entreprit aussitôt de la dissiper :

— Baron de Frontignac… Vous connaissez le baron Le Clair de Lafitte. Et voici notre chef, Loup de Pomonne, comte de Nissac et lieutenant-général de l’artillerie de l’armée de monsieur le prince de Condé.

Impressionné, Fervac ne sut que répondre. Au reste, Nissac ne lui en laissa pas le temps :

— Vous êtes également proxénète ?

Fervac ne se démonta pas.

— La chose est dite bien promptement, monsieur le comte. Manon, ma compagne, se donne les moyens de ne dépendre de personne. Ce n’est point mon épouse qui se vend aux vieux bourgeois mais une femme que j’aime et qui se donne à moi, peut-être… Peut-être par amour. Qui peut avoir à redire là-dessus ?

Un léger sourire se dessina sur le visage dur et osseux de Nissac :

— C’est plaisamment répondu, sergent. Vous serez donc des nôtres. Vous servirez le royaume en un moment où il court grands dangers, mais le royaume saura s’en souvenir un jour. Il est possible, cependant, que les choses ne se passent point ainsi.

Le tavernier apporta un pichet de vin qu’il déposa devant Fervac.

Nissac, qui s’était tu, demeura un instant rêveur, suivant du regard un homme qui buvait seul tandis que des larmes coulaient sur ses joues mal rasées. Nissac se demanda quel chagrin le bouleversait mais fut rappelé à la réalité par un toussotement poli de Frontignac.

Il retrouva aussitôt le fil de sa pensée et observa assez durement Fervac.

— L’alternative est la suivante : vous serez pris par une foule déchaînée, hurlante et débordante de violence. Vous serez roué de coups, lynché, brûlé vif, pendu à une pile du Pont-Neuf. Votre corps sera balancé dans les fossés de la ville où il pourrira en compagnie des nôtres, ce qui n’est point consolation.

Fervac secoua lentement la tête avec un sourire incrédule sur les lèvres.

— Moi, c’est fort probable. Mais pas des corps de barons, pas celui d’un comte qui est général de monsieur le prince de Condé. On ne laisse pas blanchir leurs os aux fossés des remparts.

La voix de Nissac se fit plus coupante :

— Vous ignorez de quoi vous parlez. De ma vie, en le royaume, je n’ai vu si grandes haines et ambitions si démesurées. À voir tout cela, j’en jurerais : demain, plus rien ne sera sacré.

Fervac réfléchit longuement puis répondit :

— Je serai tout de même des vôtres.

— Alors nous voilà vraiment quatre ! dit joyeusement Le Clair de Lafitte en se servant du vin.

— Cinq ! répliqua Nissac et, comme ses compagnons le regardaient avec mine de grande surprise, il expliqua d’un air évasif : celui-là, qui est déjà des nôtres, peut-être ne le verrez-vous jamais. Le cardinal lui-même ignore qui il est. Il n’empêche, c’est, j’en suis certain, notre plus puissant allié.

Revenu de son étonnement, Le Clair de Lafitte eut un petit geste découragé.

— Va pour le gentilhomme qui joue au pur esprit. Mais quatre ou cinq, c’est encore bien peu pour un groupe capable d’une forte riposte aux Frondeurs et je crois notre troupe hélas au complet.

— Peut-être pas !… murmura Fervac.

— Que voulez-vous dire ? questionna Frontignac qui ne demandait visiblement qu’à être soulagé.

— Les prisons ! Il reste les prisons ! Il y a de tout, en prison. À l’instant où l’on allait me pendre, au lieu d’être libéré, j’aurais pu être envoyé en ces lieux et serais-je si différent de celui que vous comptez parmi les vôtres ?

— Soyez plus clair ! ordonna le comte de Nissac, intéressé.

— C’est simple, monsieur le comte. Avant que d’être envoyé aux galères en interminable cortège, les condamnés sont regroupés en prison. Aujourd’hui, elles sont pleines et le départ aux galères est pour bientôt.

Nissac se décida sur l’instant et, se tournant vers Le Clair de Lafitte :

— Tu y vas de ce pas avec Frontignac et cet excellent Fervac qui semble s’y connaître en hommes comme il sait être apprécié des femmes. Il m’en faut trois, de talents les plus divers, qui remplissent trois conditions sans doute impossibles : courageux, intelligents et loyaux. Signale-leur si nécessaire que la mission sera longue et périlleuse. Je te fais envoyer un ordre du cardinal te donnant tous pouvoirs face aux geôliers et aux intendants. À plus tard !

Il se leva brusquement et quitta « Le Coq Hardi » d’un pas résolu.

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